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C’est une sortie associative spéciale que nous avons mené le soir du 4 novembre 2022 à l’arboretum de Martinique.  En réalisant un atelier sur le thème des chauves-souris (chiroptères), nous avons abordé un sujet complexe, peu étudié dans les Antilles et pourtant, passionnant ! Les adhérents étaient au rendez-vous : plus de 10 personnes ont répondu à l’appel !

Lors de cet atelier, nous avons présenté la diversité d’espèces que l’on retrouve sur la Martinique, ainsi que leur écologie. Mais ce n’est pas tout, nous avons également abordé l’utilisation de l’analyse acoustique permettant d’identifier les espèces en vol, et de ce fait, réaliser des inventaires nocturnes sur le territoire !

Test du Microphone à ultrasons Pettersson M500-384 avec les adhérents de l’association. Animé par le chiroptérologue Bertrand Gendre.

Les espèces

Les 11 espèces de chiroptères de Martinique sont les seuls mammifères indigènes de l’île. On y retrouve plusieurs grandes familles, dont les plus connues sont les Phyllostomidae, les Molossidae ou bien les Vespertilionidae. Cette dernière famille n’est représentée que par une seule espèce, le Murin de la Martinique (Myotis martinicensis), une chauve-souris insectivore endémique stricte de l’île.

Les Molossidae sont représentés par deux espèces relativement communes sur le territoire, le Molosse commun (Molossus molossus) et la Tadaride du Brésil (Tadarida brasiliensis), toutes deux des insectivores de plein ciel. Ces chauves-souris sont bien souvent les premières à entrer en activité au crépuscule et on peut les apercevoir par dizaine dans le ciel. Elles sont reconnaissables par la présence d’une queue qui dépasse de l’uropatagium, une membrane cutanée étendue des membres inférieurs à la queue chez les chauves-souris.

La famille des Phyllostomidae est une grande famille comprenant 5 espèces en Martinique. Ce sont des chauves-souris principalement frugivores et nectarivores. Elles sont caractérisées pour la plupart d’entre elles par une feuille nasale en forme de « feuille ». En Martinique, les espèces les plus connues sont le Brachyphylle des cavernes (Brachyphylla cavernarum) et l’Artibé de la Jamaïque (Artibeus jamaicensis) que l’on peut observer fréquemment en train de se nourrir de fruits dans les jardins. Il existe également l’Ardops des Petites Antilles (Ardops nichollsi), le Monophylle des Petites Antilles (Monophyllus plethodon) et la Sturnire messager (Sturnira angeli), trois espèces bien plus difficiles à observer et à enregistrer avec les outils acoustiques.

Les autres familles (Natalidae, Mormoopidae et Noctilionidae) de chiroptères en Martinique ne sont représentées que par une espèce, respectivement la Natalide isabelle (Natalus stramineus), le Ptéronote de Davyi (Pteronotus davyi) et le Noctilion pêcheur (Noctilio leporinus). Cette dernière espèce et la plus grande des Petites Antilles, avec une envergure pouvant atteindre les 70 cm. Elle a la particularité d’avoir un régime principalement piscivore, et se nourrit donc au sein des milieux aquatiques et sur le littoral. Elle s’observe très facilement en bord de mer peu après le coucher du soleil.

Pour obtenir d’avantage d’informations sur les chauves-souris de Martinique, visualiser quelques photographies et avoir accès à de la bibliographie, nous vous invitons à cliquer ci-dessous sur le logo de la DEAL Martinique.

Brachyphylle des cavernes (Brachyphylla cavernarum) – Crédit photo : Vincent Rufray.

L’analyse acoustique

L’analyse acoustique est une méthode d’identification des espèces se basant sur l’enregistrement des ultrasons des chiroptères en vol. Les ultrasons qu’ils émettent en vol leur servent à se diriger dans le paysage et à repérer leur proie pendant l’activité de chasse. Rappelons, que les chiroptères sont rarement audibles puisque l’oreille humaine ne peut entendre que jusqu’à 20 Khz (approximativement), or les chauves-souris de Martinique peuvent émettre des sons entre 20 et environ 120 Khz.

Ainsi, chaque espèce détient sa propre signature acoustique, ce qui permet aux naturalistes amateurs de chauves-souris, de les identifier via des sonogrammes (voir photo).

Sur le terrain, le chiroptérologue utilise un enregistreur muni d’un micro pour enregistrer les sons des chauves-souris. Différents types d’enregistreurs peuvent être utilisés, permettant d’enregistrer les signaux soit sur des points fixes pendant une ou plusieurs nuits, soit selon des protocoles d’échantillonnage de quelques minutes (points d’écoute ou transects). Ces enregistrements donnent par la suite des informations sur la diversité d’espèces présentes sur site et des indices d’abondance par espèce, bien souvent basés sur le nombre de contacts de 5 secondes par unité d’échantillonnage.

Signaux acoustiques émis par les chiropètres : Les deux figures de droite : signaux sonar de A. jamaicensis pratiqués lors des phases de vol soit en sous-bois clair (à gauche), soit en sous-bois dense ou approche d’obstacles (à droite). Les deux figures de gauche : signaux sonar de durées différentes pratiqués par B. cavernarum lors des phases de vol en milieux ouverts (à gauche) et semi-ouverts (au centre). Source : Barataud et al. (2015).

Notre contribution

Les chiroptères des Antilles font l’objet d’un manque considérable de connaissances scientifiques, aussi bien sur leur écologie et biologie, que sur la dynamique des populations sur le territoire. Tant de questions encore sans réponses qui concernent, par exemple, la phénologie des espèces, les densités d’individus, ou bien leur distribution en fonction des habitats naturels et d’autres variables environnementales.

Notre association, subventionnée par la DEAL Martinique, participe au développement des inventaires acoustiques tels que ceux qui ont été mis en place depuis plusieurs années en Métropole avec les projets VigieChiro. Ainsi, nous avons débuté à la fin de l’année 2022 un inventaire des chauves-souris par point d’écoute sur des mailles de 2 km². Cet inventaire a pour but de lancer une dynamique sur l’île de la Martinique et de récolter les premières données acoustiques qui permettront par la suite d’améliorer la connaissance sur les chauves-souris néotropicales.

Et nous avons besoin d’aide ! Si vous désirez améliorer vos connaissances sur les chauves-souris et apprendre à utiliser les outils d’analyses acoustiques, c’est avec grand plaisir que l’association vous accompagnera dans cette démarche à travers notre projet d’inventaire en Martinique. Alors n’attendez plus, contactez-nous !

Le projet ChiMaGua

Cette initiative sur les chauves-souris n’est pas la seule sur notre territoire, puisque le projet CHIroptères de MArtinique et GUAdeloupe « ChiMaGua » est lauréat de l’appel à manifestations d’intérêt « Développement de la surveillance de la biodiversité terrestre dans les Outremer » lancé par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et porté par le Parc Naturel de la Martinique (PNRM). C’est un projet de grande ampleur qui est prévu sur plusieurs années et qui a pour objectif de combler les lacunes sur les chiroptères des Antilles. Pour plus d’information vous pouvez cliquer sur le logo du Parc National de Guadeloupe (PNG) qui est le partenaire du PNRM pour ce projet.

One Comment

  • joel SAVART dit :

    Bonjour
    J’ai détectè au Bat 4 Magenta des chauves souris à 25 KHz, Route de Redoute à Fort de France. Ss’agit il de Molosus molosus ?

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